Lorsque nous faisons travailler des groupes dont les membres sont chargés de la mise en place de dispositifs de lutte contre la fraude et le plagiat, nous utilisons des « quick cases » se prêtant au débat.
Notre base de données comprend une centaine de « quick cases » comme ceux présentés ci-dessous. Nous sélectionnons ceux qui correspondent à la thématique du groupe de travail.
Les « quick cases » ci-dessous sont ainsi authentiques, issus de courriels que nous recevons. Ils ont été utilisés une première fois avec P.- J. Benghozi dans le cadre d’un mandat de formalisation des propositions SFM-FNEGE de réduction et traitement des cas de plagiat en 2010.
Leur objectif est de favoriser la discussion entre participants et l’émergence de propositions de dispositifs adaptés de prise en charge de ces situations caractéristiques.
« Quick case » N° 1
• D’une auteure française :
« Quelle n’a pas été ma surprise de constater que j’avais été plagiée par deux chercheuses (l’une de xxx, l’autre de l’université de xxx) dans un article qu’elles ont publié dans xxx et qui reprenait in extenso un des principaux développements de mon dernier livre paru aux États-Unis. J’ai les questions suivantes : 1) que faut-il demander à la fin à l’éditeur : un droit de réponse ? Un autre article ? Il me semble impensable de laisser les choses en l’état. 2) quelle démarche avoir à l’égard de ces deux chercheurs : leur envoyer la lettre en copie ? demander réparation ? Envoyer la lettre à leurs institutions? Bref, comment faire pour que cette histoire ne reste pas cachée discrètement ? D’autant qu’il s’agit d’une chercheuse française (en l’occurrence moi) qui n’a pas de rôle dans les institutions américaines et qu’on pourrait facilement essayer de faire taire, contrairement à ces deux auteurs qui sont bien inscrits dans le paysage institutionnel américain. »
Réponse de l’éditeur informé par ses soins :
« We of course took seriously your comments, and we asked the authors to give us their response. They have informed us that they are not familiar with your work, and have not read the articles you cite. Therefore, they could not have appropriated your ideas. As I’m sure you are aware, researchers working in the same field can independently develop ideas that reflect common perspectives, outcomes or conclusions. No doubt that is what has happened here. »
« Quick case » N° 2
• D’une étudiante en Master :
« Un sujet important dans le monde universitaire pourrait être le plagiat et le vol de données appartenant aux étudiants par des promoteurs ou professeurs peu scrupuleux désirant publier en tant que premiers auteurs un travail qu’ils n’ont pas réalisé.
Voici ce que mon patron de mémoire vient de m’écrire : « Madame, la tradition dans notre laboratoire est d’encadrer les mémoires de Master recherche qui vous permettent d’obtenir un diplôme réputé. Mais les données recueillies appartiennent au laboratoire seuls moi-même ou l’assistant qui vous a coaché pouvons publier sur cette base. Par conséquent, la publication d’un article de recherche, sur base de ces données est totalement déloyal et par donc nous nous opposerons à vos « projets » de réalisation d’un doctorat et à votre demande de poste d’assistant ».
Mes questions sont les suivantes :
– En tant qu’étudiant: A qui appartiennent les données que j’ai récoltées moi-même sur le terrain ?
– A qui appartient le mémoire que j’ai écrit ?
– Lorsque je décide de publier ces données et qu’on me prend mon texte, qu’on le change quelque peu et qu’on le publie avant moi quels sont les recours mis à ma disposition ?
Tous les règlements universitaires que j’ai lus ne considèrent le plagiat que du « bas » vers le « haut ». Où sont les règles qui protègent les rapports, les travaux, les mémoires, les thèses des étudiants… »
« Quick case » N° 3
• D’une doctorante :
« J’ai été victime il y a trois ans de plagiat, fraude commise par mon propre directeur de recherche de l’époque. J’étais alors en DEA, et pour des raisons administratives, ai dû changer de directeur pour entrer en thèse. Évidemment, ce changement a provoqué les foudres de mon ex-directeur de recherche qui s’est alors vengé en utilisant mon mémoire de DEA dans un rapport de recherche dans laquelle mon nom n’est absolument jamais cité. Ce sont des pages entières de mon mémoire de DEA qui se trouvent dans ce rapport de recherche, sous le nom d’un autre.
En voyant pour la première fois ce rapport, j’ai éprouvé de la colère et de l’incompréhension : mon propre travail, les heures que j’avais passées à élaborer, réfléchir, rédiger, reformuler… étaient appropriées par un autre, qui plus est, un enseignant en qui j’avais eu confiance le temps de ce travail. Je me sentais trahie.
J’ai bien entendu tenté de me plaindre tant bien que mal afin de faire valoir mes droits pour finalement m’apercevoir que des droits, je n’en avais pas ! Le système est ainsi fait, les droits d’auteur sont en possession du directeur. Celui-ci s’est d’ailleurs saisi de cette règle que j’ignorais alors, pour m’accuser en retour de diffamation!
Alors pourquoi tant d’émotion ? Parce que nous nous sentons impuissants et trahis. Parce que ces comportements me font douter de mon envie à poursuivre dans le système universitaire. »
« Quick case » N° 5
• D’un professeur :
« Jeune enseignant-chercheur de l’Université x du pays, je connais une alternative au plagiat qui pour autant me désole tout autant.
Nombre de mes collègues xx obtiennent un Doctorat en France avec les félicitations du jury moyennant financement selon leurs dires mêmes et un jury complaisant surtout pour un travail indigne de la mention dont ils se revendiquent ensuite.
J’ai lu plusieurs de ces travaux et il n’y a en général pas de plagiat. Dans certains cas, il n’y a même pas matière au plagiat. J’ai vu une thèse de xxx comportant 150 pages avec du Pc 14 et des pages blanches au milieu…. et qui a obtenu les Félicitations du Jury. Alors pourquoi faire du plagiat dans ces conditions ? Certains xxx ont une meilleure solution: la constitution d’un jury pour moitié de xxx complices et pour l’autre, d’universitaires français financièrement arrosés…. »
« Quick case » N° 6
• D’un éditeur :
« Un de nos auteurs, professeur de son état, a plagié l’introduction de son livre en recopiant telle quelle l’introduction d’un autre livre (!), et rien de plus.
Mais quand l’auteur plagié s’est plaint, notre auteur en a été tout surpris, car, sincèrement, il ne connaissait pas l’ouvrage en question. Pourquoi ? Parce qu’il avait recopié à la virgule près le polycopié d’un cours qu’il avait eu par un consultant dans une formation, lequel était en fait copié tel quel du livre plagié.
J’ai réglé le tout à l’amiable, directement avec l’éditeur du premier livre, par souci de simplicité. »
Etc.
Lorsque nous faisons travailler des groupes dont les membres sont chargés de la mise en place de dispositifs de lutte contre la fraude et le plagiat, nous utilisons des « quick cases » se prêtant au débat.
Notre base de données comprend une centaine de « quick cases » comme ceux présentés ci-dessous. Nous sélectionnons ceux qui correspondent à la thématique du groupe de travail.
Les « quick cases » ci-dessous sont ainsi authentiques, issus de courriels que nous recevons. Ils ont été utilisés une première fois avec P.- J. Benghozi dans le cadre d’un mandat de formalisation des propositions SFM-FNEGE de réduction et traitement des cas de plagiat en 2010.
Leur objectif est de favoriser la discussion entre participants et l’émergence de propositions de dispositifs adaptés de prise en charge de ces situations caractéristiques.
« Quick case » N° 1
• D’une auteure française :
« Quelle n’a pas été ma surprise de constater que j’avais été plagiée par deux chercheuses (l’une de xxx, l’autre de l’université de xxx) dans un article qu’elles ont publié dans xxx et qui reprenait in extenso un des principaux développements de mon dernier livre paru aux États-Unis. J’ai les questions suivantes : 1) que faut-il demander à la fin à l’éditeur : un droit de réponse ? Un autre article ? Il me semble impensable de laisser les choses en l’état. 2) quelle démarche avoir à l’égard de ces deux chercheurs : leur envoyer la lettre en copie ? demander réparation ? Envoyer la lettre à leurs institutions? Bref, comment faire pour que cette histoire ne reste pas cachée discrètement ? D’autant qu’il s’agit d’une chercheuse française (en l’occurrence moi) qui n’a pas de rôle dans les institutions américaines et qu’on pourrait facilement essayer de faire taire, contrairement à ces deux auteurs qui sont bien inscrits dans le paysage institutionnel américain. »
Réponse de l’éditeur informé par ses soins :
« We of course took seriously your comments, and we asked the authors to give us their response. They have informed us that they are not familiar with your work, and have not read the articles you cite. Therefore, they could not have appropriated your ideas. As I’m sure you are aware, researchers working in the same field can independently develop ideas that reflect common perspectives, outcomes or conclusions. No doubt that is what has happened here. »
« Quick case » N° 2
• D’une étudiante en Master :
« Un sujet important dans le monde universitaire pourrait être le plagiat et le vol de données appartenant aux étudiants par des promoteurs ou professeurs peu scrupuleux désirant publier en tant que premiers auteurs un travail qu’ils n’ont pas réalisé.
Voici ce que mon patron de mémoire vient de m’écrire : « Madame, la tradition dans notre laboratoire est d’encadrer les mémoires de Master recherche qui vous permettent d’obtenir un diplôme réputé. Mais les données recueillies appartiennent au laboratoire seuls moi-même ou l’assistant qui vous a coaché pouvons publier sur cette base. Par conséquent, la publication d’un article de recherche, sur base de ces données est totalement déloyal et par donc nous nous opposerons à vos « projets » de réalisation d’un doctorat et à votre demande de poste d’assistant ».
Mes questions sont les suivantes :
– En tant qu’étudiant: A qui appartiennent les données que j’ai récoltées moi-même sur le terrain ?
– A qui appartient le mémoire que j’ai écrit ?
– Lorsque je décide de publier ces données et qu’on me prend mon texte, qu’on le change quelque peu et qu’on le publie avant moi quels sont les recours mis à ma disposition ?
Tous les règlements universitaires que j’ai lus ne considèrent le plagiat que du « bas » vers le « haut ». Où sont les règles qui protègent les rapports, les travaux, les mémoires, les thèses des étudiants… »
« Quick case » N° 3
• D’une doctorante :
« J’ai été victime il y a trois ans de plagiat, fraude commise par mon propre directeur de recherche de l’époque. J’étais alors en DEA, et pour des raisons administratives, ai dû changer de directeur pour entrer en thèse. Évidemment, ce changement a provoqué les foudres de mon ex-directeur de recherche qui s’est alors vengé en utilisant mon mémoire de DEA dans un rapport de recherche dans laquelle mon nom n’est absolument jamais cité. Ce sont des pages entières de mon mémoire de DEA qui se trouvent dans ce rapport de recherche, sous le nom d’un autre.
En voyant pour la première fois ce rapport, j’ai éprouvé de la colère et de l’incompréhension : mon propre travail, les heures que j’avais passées à élaborer, réfléchir, rédiger, reformuler… étaient appropriées par un autre, qui plus est, un enseignant en qui j’avais eu confiance le temps de ce travail. Je me sentais trahie.
J’ai bien entendu tenté de me plaindre tant bien que mal afin de faire valoir mes droits pour finalement m’apercevoir que des droits, je n’en avais pas ! Le système est ainsi fait, les droits d’auteur sont en possession du directeur. Celui-ci s’est d’ailleurs saisi de cette règle que j’ignorais alors, pour m’accuser en retour de diffamation!
Alors pourquoi tant d’émotion ? Parce que nous nous sentons impuissants et trahis. Parce que ces comportements me font douter de mon envie à poursuivre dans le système universitaire. »
« Quick case » N° 5
• D’un professeur :
« Jeune enseignant-chercheur de l’Université x du pays, je connais une alternative au plagiat qui pour autant me désole tout autant.
Nombre de mes collègues xx obtiennent un Doctorat en France avec les félicitations du jury moyennant financement selon leurs dires mêmes et un jury complaisant surtout pour un travail indigne de la mention dont ils se revendiquent ensuite.
J’ai lu plusieurs de ces travaux et il n’y a en général pas de plagiat. Dans certains cas, il n’y a même pas matière au plagiat. J’ai vu une thèse de xxx comportant 150 pages avec du Pc 14 et des pages blanches au milieu…. et qui a obtenu les Félicitations du Jury. Alors pourquoi faire du plagiat dans ces conditions ? Certains xxx ont une meilleure solution: la constitution d’un jury pour moitié de xxx complices et pour l’autre, d’universitaires français financièrement arrosés…. »
« Quick case » N° 6
• D’un éditeur :
« Un de nos auteurs, professeur de son état, a plagié l’introduction de son livre en recopiant telle quelle l’introduction d’un autre livre (!), et rien de plus.
Mais quand l’auteur plagié s’est plaint, notre auteur en a été tout surpris, car, sincèrement, il ne connaissait pas l’ouvrage en question. Pourquoi ? Parce qu’il avait recopié à la virgule près le polycopié d’un cours qu’il avait eu par un consultant dans une formation, lequel était en fait copié tel quel du livre plagié.
J’ai réglé le tout à l’amiable, directement avec l’éditeur du premier livre, par souci de simplicité. »
Etc.