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La formation pour les Directeurs d’écoles doctorales

  • Nos recherches depuis 2006 ont montré que c’est durant les études de doctorat que les « délinquants de la connaissance » développent des comportements déviants par rapport aux valeurs et aux normes de notre métier de chercheurs et auteurs et qu’ils sont ensuite incapables de revenir à des pratiques éthiques. Les comportements de délinquance de la connaissance acquis ne varient plus[1]

 

  • En France, des MOOCS sur l’intégrité ont donc été créés et sont obligatoires pour les doctorants. Ces MOOCS ont le mérite d’exister. Le problème est qu’ils sont obsolètes avec l’arrivée de l’IA et que des réponses aux questionnaires de validation des acquis circulent librement entre les doctorants. Ceci décrédibilise le terme même d’intégrité.

 

1. L’enquête

Nous avons réalisé une enquête auprès de responsables d’études doctorales (Écoles doctorales) de France, Portugal et Roumanie. Le questionnaire ouvert comportait 21 questions couvrant 6 thèmes : Thème 1: Identification des faits, Thème 2 : Les directives institutionnelles, Thème 3 : La communication interne et externe, Thème 4 : Le suivi et le contrôle, Thème 5 : Formation des enseignants et des étudiants, Thème 6 : Traitement des plaintes et médiation.

Un rapport intermédiaire a été rédigé sur la base d’une analyse flottante des trente premiers questionnaires remplis sur 227 directeurs d’Écoles doctorales sollicités.

2. Les difficultés rencontrées par les Directeurs d’Ecoles doctorales

Nous illustrons ici notre analyse avec des verbatims des répondants significatifs des dimensions induites.

  • Concernant le manque de soutien

a) La remontée d’information. Par exemple : « La remontée d’agissements fautifs est souvent délicate (absence de preuve flagrante, peur de réactions violentes psychologiquement ou de ne pas être entendu.e) alors même que des procédures existent et sont connues. »
b) La peur. Ainsi : « Manque de soutien de la part des autorités par peur de sanctionner des collègues influents et qui rapportent des financements. »
c) L’incompétence, le manque d’engagement ou le manque de temps pour accompagner les doctorants des encadrants de thèse : « Les directeurs de recherche et plus largement les encadrants ne sont pas toujours les spécialistes de certains des points abordés dans les thèses et peuvent se laisser abuser.»

  • Concernant la nature des infractions commises

a) Les réponses restent cantonnées, selon les disciplines, au plagiat et/ou à la manipulation de données.
b) Il n’est pas fait mention de déontologie. Par exemple, l’ajout de noms d’auteurs, l’inversion de l’ordre des auteurs, l’utilisation par plusieurs doctorants des données recueillies exclusivement par l’un d’eux, etc.

  • Concernant les dispositifs d’intégrité mis en place au sein des Écoles doctoralesa) Ils sont également toujours interprétés – à une exception près – comme destinés aux étudiants. Il faut attendre la question sur la formation des encadrants pour obtenir des réponses ciblées sur ces derniers.
    b) Ce manque de formation est ressenti « Il peut exister des formes de complaisance de la part de certains collègues qui les amène à ne pas les dénoncer, généralement pour des questions d’image (de soi, du laboratoire…)
  • Concernant la forme des dispositifsa) Ils prennent la forme parfois d’une lettre à signer par le doctorant ou d’une charte. Notons que la charte est signée lors des journées d’accueil alors même que le doctorant n’a aucune idée de ce que sera l’univers académique pour la plupart.
    b) La sensibilisation à l’intégrité prend la forme la plus générale d’une quinzaine d’heures de cours sur l’éthique formelle, obligatoire ou non. Ces cours sont dispensés par des « spécialistes de l’éthique ».

 

  • Concernant l’expérience acquise sur la base des cas d’inconduite*a) Nous avons posé la question : « Un rapport annuel de synthèse des cas de manquement à l’intégrité est-il réalisé ? » La réponse unanime est : « Non ».

 

  • Concernant le système « Ecole doctorale »a) De nombreuses Ecoles doctorales semblent dysfonctionner : « Organisation récente, dysfonctionnant depuis sa création et en sous-effectif administratif absolu. Il serait bon d’exiger que tout encadrant ait reçu une formation à l’EIS avant d’encadrer qui que ce soit »
    b) Le paradoxe de l’intégrité est bien compris : « Mon expérience est celle d’une directrice d’ED au sein d’une structure dysfonctionnelle où l’EIS est un vrai sujet dont on débat peu puisque nous sommes accaparés par d’autres tâches. »

3. Les deux propositions de l’IRAFPA

• La sensibilisation des Directeurs d’Ecoles doctorales  lors de ses Écoles d’été destinées à des professeurs, chercheurs, RIS ou directeurs d’Écoles doctorales, déploie sur deux jours et demi les trois types de connaissances que sont : les connaissances déclaratives, les connaissances procédurales et les connaissances contextuelles.

• Le programme d’une journée de formation « train-the-trainers » est a articulé sur les compétences mettant en œuvre nos techniques didactiques de tests projectifs, jeux de rôles et travail en sous-groupes.

 

[1] Bergadaà (2015). Le plagiat académique : comprendre pour agir. Coll. Questions contemporaines, L’Harmattan