Écoles doctorales et culture de l’intégrité
Dispositif IRAFPA Train-The-Trainers
1. Pourquoi ce dispositif ?
- Nos recherches depuis 2006 ont montré que c’est durant les études de doctorat que les « délinquants de la connaissance » développent des comportements déviants par rapport aux valeurs et aux normes de notre métier de chercheurs et auteurs et qu’ils sont ensuite incapables de revenir à des pratiques éthiques.
- Selon Eurostat[1], plus de 671’900 personnes participent à des études doctorales en Europe, dont 65’100 en France. Plus de 187’000 personnes s’inscrivent chaque année. L’enseignement de l’éthique dans une salle de classe traditionnelle, avec un cours d’une journée de 15 étudiants au maximum, nécessiterait plus de 12’000 enseignants.
- En France, des MOOCS sur l’intégrité ont donc été créés et sont obligatoires pour les doctorants. Ces MOOCS ont le mérite d’exister. Le problème est qu’ils sont obsolètes avec l’arrivée de l’IA et que des réponses aux questionnaires de validation des acquis circulent librement entre les doctorants. Ceci décrédibilise le terme même d’intégrité.
- Notre dispositif « Train-The-Trainers » vise un effet de démultiplication de la formation à l’intégrité et il est donc multiplicateur d’impact.
Voir dans le sommaire de la vidéothèque les vidéos et débats propres à ce thème.
Voir la présentation de l’École d’été IRAFPA.
2. Qui doit former les doctorants ?
- Le transfert de connaissances de l’IRAFPA est effectué au bénéfice d’enseignants-chercheurs des Écoles doctorales concernées. Ils sont formés aux méthodes conceptuelles et didactiques de l’IRAFPA.
- Ces enseignants auront participé au préalable à une École d’été de l’IRAFPA et bénéficieront de deux journées spécifiques de notre programme « Train-The-Trainers ».
- Cette culture commune, développée au sein de l’École doctorale durant cette 2e année de doctorat, permettra ensuite aux enseignants de la consolider – par l’exemple et par le débat – durant la suite du doctorat.
3. Comment former les enseignants-chercheurs et directeurs des écoles doctorales ?
- L’IRAFPA, lors de ses Écoles d’été destinées à des professeurs, chercheurs, RIS ou directeurs d’Écoles doctorales, déploie sur deux jours et demi les trois types de connaissances que sont : les connaissances déclaratives, les connaissances procédurales et les connaissances contextuelles.
Voir, pour rappel, le tableau ci-dessous.
| Les connaissances déclaratives | Les connaissances procédurales | Les connaissances contextuelles |
| Leur objet : «de quoi parle-t-on ?»
Elles sont théoriques, factuelles et permettent de mettre en œuvre un savoir.
L’enseignement interpelle la dimension cognitive de l’apprentissage.
Sujet « intégrité » : elles couvrent l’apprentissage des valeurs, des règles, des principes et des lois qui encadrent notre pratique. |
Leur objet : «comment faire ? »
Elles permettent de réaliser une action, de procéder à la mise en œuvre d’un savoir-faire.
L’enseignement s’adresse à la dimension conative de l’apprentissage.
Sujet « intégrité » : elles couvrent la connaissance de l’action, de connaissances dynamiques de l’expertise et de la dynamique interrelationnelle. |
Leur objet : «quand et pourquoi agir ? »
Elles se réfèrent aux conditions de l’action ou de la décision.
L’enseignement dresse la carte contextuelle, ses contraintes et ses risques.
Sujet « intégrité » : elles couvrent les décisions en termes de stratégies, de démarches, d’actions et de responsabilités des parties prenantes. |
- La pédagogie de l’IRAFPA s’appuie durant les Écoles d’été sur ces trois types de compétences. Mais toutes doivent être mobilisées, d’une manière adaptée aux profils des participants.
- Notre expérience de l’enseignement aux doctorants depuis 1987 nous incite à penser qu’il est judicieux de donner aux doctorants de solides repères déclaratifs en matière d’intégrité : savoir distinguer la morale, de l’éthique normée, de la déontologie et de la responsabilité, savoir clairement ce que sont les normes en vigueur.
- Nos expériences de la participation de quelques doctorants ou jeunes chercheurs aux Écoles d’été de l’IRAFPA ont montré que les doctorants sont surtout en quête de connaissances procédurales : comment réaliser une thèse ou une recherche, comment publier, comment appliquer les normes d’intégrité, etc.
- Les connaissances contextuelles leur sont étrangères, car ils n’ont pas encore l’expérience du métier de chercheur. Ainsi, l’expérience de théâtralisation de la 2e journée de l’École d’été qui rencontre un vif succès auprès des chercheurs confirmés les décontenance. Le programme de la 3e journée dédiée à la contextualisation ne les concerne pas non plus.
4. La transmission des compétences aux doctorants
- Le programme d’une journée de formation à l’intégrité pour des doctorants de 2e année sera articulé sur les compétences ci-dessous mettant en œuvre nos techniques didactiques de tests projectifs, jeux de rôles et travail en sous-groupes. Nous avons retenu les objectifs suivants de compétences à acquérir par les doctorants.
- Compétences de type déclaratif :
1 – Savoir distinguer les dimensions de l’intégrité que sont : la morale individuelle, la déontologie professionnelle, l’éthique appliquée et la responsabilité engagée.
2 – S’approprier la grille des 10 conséquences des méconduites académiques, savoir évaluer la nature et l’importance des comportements déviants.
3 – Adopter la posture « faits objectifs -> conséquences -> réparations ciblées ».
- Compétences de type procédural :
4 – Apprendre à distinguer rapidement les profils de « délinquants » (« fraudeur », « manipulateur », « bricoleur » et « tricheur »).
5 – Savoir conduire un entretien avec un “délinquant de la connaissance” pour reconnaître et faire reconnaitre les faits préjudiciables.
6 – Débattre et s’approprier le « être chercheur » : intégrer la pratique du doute comme un art de vivre sa recherche.
[1] https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Tertiary_education_statistics – Dec. 2023.
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Voir la présentation de l’École d’été IRAFPA.