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Actes du 3e Colloque de l’IRAFPA – Poster 09

Actes du 3e Colloque International de Recherche et Action sur l’Intégrité Académique
Défis et incertitudes de l’intégrité académique à l’ère de l’intelligence artificielle”
20-22 juin 2024, Université de Coimbra (Portugal), sous la direction de Michelle Bergadaà & Paulo Peixoto

La lutte contre la fraude scientifique au Sénégal : état des lieux et perspectives

Boubacar Camara, Professeur titulaire des universités, Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal)

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DOI : https://doi.org/10.56240/fdfpos09 (provisoire)

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Texte

Notre communication consiste à décrire la situation du chercheur africain afin de vivre avec lui (grâce à une perspective phénoménologique) et afin de comprendre l’intentionnalité qui se trouve au cœur des comportements frauduleux. Ce faisant, on pourra faire de la prévention en promouvant une culture de l’authenticité dans une civilisation qui nous conditionne, si on n’y prend pas garde, à une culture de la reproduction (du copier-coller). En partageant l’expérience sénégalaise nous espérons enrichir les perspectives et surtout attirer l’attention sur les spécificités africaines en matière de représentation sociale de l’éthique littéraire.

Les phénomènes de fraudes scientifiques sont très importants dans l’espace sénégalais même si l’usage des IA n’est pas aussi important qu’en Europe. L’institution n’a pas réellement développé une politique de lutte systématique contre ces pratiques. Il y a de toute évidence une banalisation de ce mal dont nous essayerons de déterminer les causes. Elles sont multiples allant de la peur du scandale à l’absence de dispositifs organisés de détection de ces inconduites.

Le Sénégal a vu sa carte universitaire s’étendre rapidement. La gouvernance de ses universités est définie dans le cadre du CAMES, qui lui-même, a partiellement adopté le LMD. Dans son dernier guide d’évaluation des enseignants-chercheurs, le CAMES a, pour la première fois, préconisé des mesures de lutte contre ce mal dont on n’a pas suffisamment mesuré les effets. Nous aimerions réfléchir sur cette nouvelle politique et les difficultés qui l’entravent.

Il est important de comprendre les motivations des « fraudeurs » afin d’envisager des solutions spécifiques au contexte africain. Il nous semble en effet que l’institution, quelque part, incite à la fraude par une culture du parcœurisme. Certes il faut mettre en place des outils technologiques de lutte contre la fraude, mais il faudra faire évoluer les méthodes d’évaluation en déplaçant les centres d’intérêt des recherches scientifiques par exemple. Nous aimerions dégager les éléments de méthodologie pour une philologie de la fraude qui permettrait de prouver des faits de plagiats. Nous réfléchirons pour finir sur les insuffisances du cadre juridiques (liées au statut des universités) afin de traiter adéquatement les cas de fraude.

Pour une réflexion riche et puissante il faut, à notre avis, approfondir la dimension éthique de l’analyse des comportements « frauduleux » grâce à une phénoménologie qui explicite les apories de l’intégrité académique. Le constat est évident. Même si les structures concernées (CAMES, État, universités…) ont mis en place les dispositifs recommandés, ceux-ci ne fonctionnent pas. L’idée est de cerner les causes profondes par une démarche systémique et en tenant compte les données anthropologiques (médiologie, grammatologie…).

Cette communication est destinée à un public que nous croyons peu imprégné des réalités africaines en matière d’intégrité académique.

Le cadre sera fondamentalement « littéraire ». Nous analyserons le fait frauduleux comme un texte. À cet effet nous suivrons l’aventure du chercheur qui se fraye son chemin : Antoine Compagnon, La seconde main ou le travail de la citation, Gallimard, 1979 ; Jacques Derrida, De la grammatologie, Ed. Minuit, 1967 ; Charles Ramond, Le vocabulaire de Derrida, Ellipses, 2001 ; Regis Debray, Cours de médiologie générale, Gallimard, 2001 ; Julia Kristeva, Sēmeiōtikē. Recherches pour une sémanalyse, Seuil, 1969 ; Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, 1987 ; Bernard Stiegler, La technique et le temps, 3 tomes, 1994, 1996, 2001 ; Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Seuil, 1990 ; Alain Sokal & Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Odile Jacob, 1997.

 

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