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Paroles d’experts

Pierre-Jean Benghozi
Comment les technologies du numérique affectent-elles la fraude scientifique et redéfinissent-elles les enjeux de l’integrité ?

En matière de fraude et de plagiat, les technologies du numérique ont des effets contradictoires. D’un côté elles facilitent les pratiques malhonnêtes des étudiants comme des chercheurs ou auteurs académiques. Mais de l’autre côté, les nouveaux outils disponibles permettent aussi de traquer plus facilement les abus et les fraudes de tous ordres. Les réponses ne peuvent et doivent cependant pas se réduire à des solutions technologiques : elles appellent d’abord à mettre l’intégrité au cœur des pratiques quotidiennes de recherche et d’enseignement.

Marie-Avril Steinkühler
Avocate aux barreaux de Paris et Berlin
Qu’est-ce que le plagiat en droit ?

Le droit d’auteur ne connaît pas le plagiat, mais la contrefaçon, qui sanctionne uniquement la copie identique ou quasi-textuelle d’un travail antérieur original. La contrefaçon ne protège pas les idées, juste les mises en forme originales. Le droit d’auteur est donc un outil de lutte contre le plagiat, mais incomplet. Pour sanctionner la paraphrase, le vol d’idée, une autre figure juridique peut être invoquée, le parasitisme, mais elle est difficile à mettre en œuvre. Ce sont donc surtout les règles de l’intégrité et de la déontologie scientifique qui devraient protéger le chercheur.

Jacques Py
Président du Comité d’Éthique de la Recherche, Université Toulouse Jean-Jaurès
Comment les revues scientifiques réagissent-elles lorsqu’elles rencontrent un problème de plagiat ?

Dans cette capsule, Jacques Py, Professeur de psychologie sociale à l’université de Toulouse et Chief editor of European Review of Applied Psychology, explique la manière dont il réagit aux cas de plagiat qu’il rencontre depuis qu’il assume cette responsabilité éditoriale. Les cas les plus courants relèvent de l’autoplagiat sans grande gravité : 20 à 25% des articles comportent trop d’emprunts avec des articles parus écrits par les mêmes auteurs. Il leur est demandé de corriger ces recouvrements excessifs lorsque l’article est en révision. Dans quelques cas, le problème est plus grave puisqu’il s’agit d’un authentique plagiat d’autres auteurs : des paragraphes entiers d’autres articles sont copiés-collés. Dans ces cas, l’article est refusé d’emblée sur ce motif. Plus rarement encore, on relève des plagiats qui ne sont pas seulement textuels, avec appropriation d’une recherche.

Béatrice Durand
Professeure, Université libre de Berlin
Les idées sont libres de parcours

Selon l’adage du juriste Henri Desbois, les idées seraient « de libre parcours » – et donc non protégeables au titre de la propriété intellectuelle. Pris au pied de la lettre, cet adage exclut de la protection tous les produits du travail intellectuel, dont la finalité est précisément de produire des idées. Or, le Code de la Propriété Intellectuelle français n’emploie pas le terme « idée ». Il distingue les « conceptions », non protégeables, des « réalisations », éminemment protégeables. Il devrait donc être possible de distinguer les idées comme conceptions des idées comme réalisations – et de protéger les dernières.

Caroline Hunt-Matthes
Adjunct Professor, Grenoble Graduate School of Business (GGSB), Webster University Geneva
Towards a Corporate Culture of Responsibility in Academia

Caroline Hunt-Matthes addresses corporate social responsibility and inequity in power relations in relation to academic honesty. Challenges for the future include addressing differing perceptions of different cultures which comprise todays university cohort, second the lack of safe reporting channels in our universities to report plagiarism and third, inadequate mechanisms to manage complaints. The importance of IRAFPA as an independent interlocutor and resource cannot be understated. Addressing the underlying culture of our institutions in relation to attribution is man imperative to reform. Professor Brian Martin explores some of these ideas in his latest book Official Channels (Irene Publishing, 2020). This is a practical and indispensable guide on the issue.

Susana Magalhães
Head of Unit for Responsible Conduct in Research
Institute for Research and Innovation in Health (i3S), University of Porto
Why aren’t norms sufficient to prevent breaches of Integrity in research?

Today, as research institutions have become more concerned about misconduct, public awareness of this issue has increased, restoring a central role for national and international guidelines on responsible conduct in research. However, too much focus on misconduct within a top-down normative framework does not actually address researchers’ needs and queries and can set up a false sense of compliance: if one merely follows the rules without believing in them and without understanding the reason why they were written down, one may easily break them. It is through reflection and critical thinking that researchers can become more sensitive to ethical issues, be able to recognize them and bridge the gap between abstract principles and concrete dilemmas experienced in their daily life.

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Cinta Gallent Torres
Associate professor of French, Valencian International University (VIU)
¿Qué formación debería ofrecerse a la comunidad académica en materia de integridad?

La formación en materia de integridad académica que ofrecen las universidades españolas al profesorado y al alumnado merece una actualización urgente. Seguimos anclados en enseñar a los docentes cómo se utilizan las herramientas antiplagio en lugar de enseñarles estrategias que motiven al alumnado a pensar por sí mismos, a ser creativos y a hacer oír su propia voz. Seguimos obviando las dificultades que muchos estudiantes evidencian a la hora de enfrentarse a un folio en blanco, citar aquellas obras que les han inspirado o reformular las ideas de otros autores siguiendo un estilo bibliográfico autorizado. Es labor, pues, de los centros de educación superior poner al alcance de la comunidad académica los recursos formativos y de concienciación que permitan contrarrestar las posibles conductas deshonestas en el seno de sus instituciones a la par que sensibilicen al alumnado para que no las cometa.
Lien vidéo : voir « Paroles d’experts » dans https://www.irafpa-webtv.org/

Oumaima Ajmi
IS Project Manager, Senior Research Associate, GSEM, Université de Genève
Comment réussir la mise en place d’un outil d’e-surveillance pour les examens ?

Plusieurs solutions d’e-surveillance existent sur le marché, mais pas toutes ne peuvent être utilisées, surtout en Europe. Cela est expliqué par le fait que le choix de la meilleure solution n’est pas forcément lié à la panoplie de fonctionnalités proposées mais à l’adéquation de ces fonctionnalités avec le cadre légal du pays. En effet, si le but des outils d’e-proctoring est de garantir l’égalité de traitement et limiter la fraude, ces outils doivent aussi garantir la non atteinte à la vie privée des étudiants. Les ingrédients nécessaires pour réussir ce trade-off sont une équipe pluridisciplinaire et un fournisseur collaboratif.